EPU95-Montmorency
Gastro-entérologie
Mise à jour du 10 Mai 2007* 

Cancer colorectal – Nouveautés en 2004
Dr. A. Boutan–Laroze, Oncologue
(Centre Hospitalier d’Argenteuil)
Séance du 4 novembre 2004
Pour atteindre le chapitre désiré, cliquez sur
le titre ci-dessous :
Le
cancer colorectal
Le
cancer de la prostate
Point
sur d’autres localisations
Cancer colorectal
1.
Dépistage
1.1. Les faits
L’incidence en
France du cancer colorectal est de 35.000 nouveaux cas par an avec environ
15.000 décès. C’est la deuxième cause de mortalité par cancer, après le
cancer du poumon.
1.2. Le dépistage de masse est efficace
Quatre études
prospectives portant sur 400 000 personnes ont démontré que la recherche de sang dans les selles par
Hemoccult-II™, appliquée à la population générale, tous les 2 ans de 50 à 74 ans, réduit de 15 à 20 % le risque de décès
par « CCR ». Extrapolé à la population française, se résultat
indiquerait une réduction potentielle annuelle de 2.000 décès par CCR.
De ces études de
dépistage par Hemoccult™ chez des sujets sans symptôme, il ressort en
moyenne que
-
Chez 1000
personnes soumises à ce protocole, il est trouvé un Hemoccult-II™
« positif » chez 30
d’entre eux
-
Chez ces 30
personnes, toutes soumises à une coloscopies, 3 cancers sont découverts
Les limites de ce
dépistage tient au fait qu’un cancer sur 3 a un Hemoccult-II™ « négatif »
le rôle du médecin
généraliste. Un
dépistage ne peut être efficace que si la population concernée, adhère au
principe et participe activement aux campagnes. C’est là que se situe un
rôle primordial du généraliste.
1.3. En pratique …
Il n’y a plus lieu
de prendre des précautions particulières alimentaires. En revanche, il y a toujours lieu d’éviter
l’aspirine et la vitamine C.
Sur le plan
technique, le recueil des selles à domicile 3 jours de suite s’effectue en
2 prélèvements / selle déposés sur une plaquette.
Au laboratoire,
l’adjonction d’une solution réactive permet de détecter la présence d’hémoglobine.
L’apparition d’une
coloration bleue signe que l’Hemoccult-II™ est positif. Toute coloration bleue (test positif)
doit faire suspecter un cancer.
La coloration bleue
est parfois délicate à affirmer, ce qui justifie que l’examen soit pratiqué
dans un laboratoire.
Conduite à tenir
Si l’Hemoccult II™
est négatif, il faut renouveler le test dans 2 ans et répéter le test dans
2 ans
Un seul prélèvement positif justifie la
coloscopie. Celle-ci permet
de détecter :
-
Un cancer stade
précoce : 10 % des cas
-
Un polype : 25 % des cas
Les freins
L’Hemoccult-II™ n’est pas remboursé à 100%
dans le Val d’Oise. Un kit « 3 jours » coûte 20 euros, lecture
comprise. Il est gratuit, s’il s’intègre dans le bilan de la Sécurité
Sociale.
La recherche de sang dans les selles n’est pas
standardisée
1.4. Les actions en cours
Une campagne de dépistage se
met en place dans 22 départements avec Hemoccult-II™ mais pas dans le Val
d’Oise.
2. Les avancés thérapeutiques
2.1. Rappel des classifications des cancers
colorectaux
TNM
|
Dukes
Astler Coller
|
« T »
|
« N »
|
« M »
|
0
|
-
|
Tis
|
N0
|
M0
|
I
|
A
B1
|
T1
T2
|
IIA
IIB
|
B2
B3
|
T3
T4
|
IIIA
IIIB
IIIC
|
C1
C 2
C3
|
T1 ou T2
T3 ou T4
T1 à T4
|
N1
N1
N2
|
IV
|
D
|
T1 à T4
|
N0 à N3
|
M1
|
Les
avancées thérapeutiques existent tant pour les CCR localisés que ceux avec
atteinte ganglionnaire ou avec métastase hépatique.
2.2.1. Le Cancer Colo-Rectal localisé
2.2.1. La chimiothérapie adjuvante
(N+)
C’est une
chimiothérapie donnée après la chirurgie.
Elle est
recommandée pour tous les cancers du colon avec envahissement ganglionnaire
« N+ ».
L’association 5-FU
+ acide folinique diminue le risque de décès de 30 %. Le traitement dure 6
mois. La tolérance est, en général, bonne.
2.2.2. L’oxaliplatine (Eloxatine™)
C’est un nouveau
sel de platine. Il est associé, dans le protocole « FOLFOX » au
5-FU et à l’acide folinique. « FOLFOX » est plus efficace que les
protocoles antérieurs, permettant une diminution de 25% du risque de rechute
(New. England J. Med, juin 2004).
Ce protocole
constitue le nouveau « standard ».
2.3. Le Cancer Colorectal avec atteinte
ganglionnaire
2.3.1. Le contexte
La chimiothérapie, par rapport aux soins palliatifs seuls, augmente
l’espérance de vie (x 4) et surtout la qualité de vie.
Type de Protocoles
|
Survie (mois)
|
Soins palliatifs
|
6
|
5 - FU
|
11
|
« FUFOL » 5-FU + acide folinique
|
11,5
|
LV5FU2
|
14
|
« FOLFOX » 5-FU + oxaliplatine
|
16,2
|
« FOLFIRI » CamptTM + 5-FU / AF
|
17,4
|
FOLFOX ou FOLFIRI optimisé
|
21
|
Des progrès constants ont été observés depuis l’introduction du 5FU +
acide folinique.
2.3.2. Les nouveautés
L’introduction récente des nouvelles molécules, comme l’irinotécam
(Campto™) et l’oxaliplatine (Eloxatine™) dans les protocoles récents a
permis de diminuer de 50 % le risque de métastases.
Plusieurs lignes de chimiothérapie peuvent être, techniquement,
administrées successivement. En pratique, une « première ligne de 6
mois, peut être, après un repos, suivi d’une « seconde ligne » de
chimiothérapie.
Au terme de ce cycle, la chimiothérapie peut rendre résécables dans
certains cas les métastases hépatiques
2.4. La chimiothérapie orale
2.4.1. L’association «fixe tégafur
+ uracile (UFT™)
C’est une
association fixe d’un précurseur du 5 FU associé à une molécule qui empêche
sa dégradation.
-
Ce médicament
est actif par voie orale. Il est prescrit à raison de trois prises
quotidiennes en association avec l’acide folinique.
-
Le cycle de
chimiothérapie comprend 4 semaines de traitement suivi d’une semaine de
repos.
2.4.2. Le capécitabine (Xéloda™)
C’est une prodrogue
de 5-fluoro-uracile qui remplace, en fait, l’association 5-FU + acide
folinique. Il est mieux toléré, sauf en ce qui concerne le syndrome
dermatologique « main-pied ».
Son intérêt est de
permettre aux patients de « souffler », en autorisant un
traitement à domicile.
La posologie est de
1250 mg/m2 deux fois / jour, tous les 21 jours, si la NFS le permet.
2.5. Les thérapeutiques
« ciblées »
2.5.1. De quoi s’agit-il ?
Ce sont des
molécules que l’on peut qualifier d’« intelligentes » et mieux
tolérées que la chimiothérapie conventionnelle :
Absence de nausées
/ vomissements, de perte des cheveux et d’atteinte profondes des lignées
sanguines.
Profil de toxicité
spécifique, en particulier cutanée.
2.5.2. Mode d’action
Ces molécules
bloquent des facteurs de croissance au niveau des récepteurs de la membrane
cellulaire, comme le récepteur du facteur épidermique de croissance
(EGFR) ou le récepteur du facteur
de croissance vasculaire (VEGFR) :
-
En bloquant
cette voie, on peut obtenir la destruction de la cellule..
-
Pour être
sensible à ce type de médicament, la cellule cancéreuse doit surexprimer ce
facteur de croissance.
-
Ce critère sera
précisé lors de l’examen anatomo-pathologique de la pièce opératoire.
Parmi les
inhibiteurs des récepteurs de type « EGFR » ou du type
« VEGFR », on distingue :
-
Des anticorps monoclonaux, chimériques homme-souris (le suffixe
« mab » signifie murine antibody) bloquant les récepteurs
extracellulaires :
o
Le trastuzumab
(Herceptin™), anticorps anti HER2
o
L’Avastin™,
anticorps dirigé contre le VEGFR.
-
Des molécules chimiques, telles que l’Iressa™, le Glivec™, le
Terceva™. Elles sont actives sur la partie intra cellulaire.
2.5.3
Le cebtuximab (Erbitux™)
C’est un anticorps
monoclonal appartenant à la catégorie des IgG1 qui cible le récepteur du
facteur de croissance épidermique (EGFR).
Il inhibe, ainsi,
la capacité du EGF à stimuler l'activation du récepteur.
Il s’administre,
soit seul, soit en association avec la chimiothérapie conventionnelle par
voie IV, à la posologie de 250 mg/m2 par semaine.
Il est en général
bien toléré. Les effets secondaires rencontrés sont des rashs et des
réactions allergiques.
2.5.4. Le bevacizumab (Avastin™)
Ce nouveau
médicament est un anticorps monoclonal qui a été construit pour bloquer
l’action d’un facteur de croissance naturel nécessaire à l’angiogenèse, le
VEGF (Vascular Endothelial Growth Factor). Le blocage de ce récepteur
empêche que le VEGF secrété par les cellules tumorales n’entraîne le
développement des cellules (endothéliale) constituant la base des vaisseaux
sanguins. Cette approche thérapeutique est connue sous le nom
d’anti-angiogenèse.
Dans une étude
récemment publiée (New. England j. Med, juin 2004), en association avec une
chimiothérapie de type FOLFIRI (5-FU - acide folinique + Campto™), une
amélioration de l’espérance de vie de 5 mois a été observée.
2.6. Les métastases hépatiques
2.6.1. Métastase
« résécable »
Chaque fois qu’une métastase
hépatique est « résécables», l’option est la chirurgie. La survie à 5
ans est de 25 à 30 %. La question de l’intérêt d’un cycle de chimiothérapie
« adjuvante n’est pas encore tranché.
2.6.2. Métastases hépatiques
« non resécables » d’emblée
Une ou plusieurs lignes de
chimiothérapie « néo-adjuvantes » sont possibles permettant dans
un certain nombre de cas d’envisager, dans un second temps, un acte
chirurgical sachant que seule la chirurgie à une visée curatrice.
2.6.3. Destruction des métastases
hépatiques par radiofréquence
La méthode fait
appel à une sonde intra tumorale
-
insérée par voie
percutanée ou en per-opératoire sous anesthésie générale ;
-
un courant
alternatif de 100 à 500 kHz est délivré dans la tumeur permettant la
destruction tumorale par hyperthermie.
Bien que le recul actuel soit insuffisant.

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