E.P.U. 95
Formation Mdicale Continue du Val d'Oise
ASSOCIATION AMICALE DÕENSEIGNEMENT POST UNIVERSITAIRE DE LA RGION DE MONTMORENCY
PREVENTION ET PRISE EN CHARGE DU CANCER DU COL DE LÕUTERUS
Dr Jean Paul Clophax et Dr Yves Benham
Chirurgiens Groupement Hospitalier Eaubonne- Montmorency
Sance du 6 dcembre 2007
CÕest un problme majeur de sant publique dans le monde :
4 500 000 nouveaux cas et 270 000 dcs par an
4 2me cancer fminin en incidence et 3me en mortalit
Cependant, la rpartition mondiale est trs htrogne
4 Dans les pays en voie de dveloppement : 85 % des dcs et une incidence variant de 2.5 55 cas pour 100 000 femmes
4 En Europe occidentale, lÕincidence varie de 4 (Finlande) 12 cas (Autriche) pour 100 000 femmes
En France, lÕincidence est de 8 pour 100 000 femmes et elle a diminue de 50 % entre 1975 et 1995. En 2000, cÕest 3387 nouveaux cas et 1000 dcs. CÕest le 8me cancer fminin en incidence et 15me en mortalit
LÕincidence varie en fonction de lÕge de manire non linaire. LÕincidence augmente entre 20 et 40 ans jusquÕ atteindre 20/100 000, ensuite, aprs 50 ans, lÕincidence est quasi stable. LÕge mdian au diagnostic est de 51 ans.
Il est individuel et non organis, lÕexception du dpartement de lÕIsre, de lÕAlsace et de la Martinique. Il repose essentiellement sur les gyncologues car seuls 15 % des gnralistes (5 % en IDF) le ralise.
Les recommandations de lÕANAES nÕont pas volues ainsi que les conditions du remboursement : un frottis tous les trois ans aprs deux frottis normaux un an dÕintervalle.
Actuellement, on estime quÕenviron 40 % des femmes sont mal dpistes :
4 Moins dÕun frottis par 3 ans : 40%,
4 Moins dÕun frottis par 6 ans : 30 %, et encore moins, aprs 60 ans !
Les grands facteurs de risque sont
4 Une infection par le HPV 16-18 qui sont prsents dans 70 % des cancers du col (CIN 2 et 3).
4 Un premier rapport prcoce et des partenaires multiples.
4 Un tabagisme.
4 Un niveau socio-conomique bas.
Ce sont des maladies sexuellement transmissibles. LÕimplication des diffrents srotypes dans la pathognie du cancer du col est variable :
4 Les HPV 16-18 sont les plus frquents des HPV oncognes
o Le HPV 16 prdomine dans cancers de type pidermode
o Le HPV 18 est plus commun dans les adnocarcinomes
4 Les HPV 6-11 causent les condylomes vnriens mais ont un faible potentiel cancrogne.
Elle est trs rpandue. On estime quÕenviron 70 % des hommes et des femmes font, au moins une infection HPV, dans leur vie.
Le pic de frquence de lÕinfection virale est 20 ans et le pic de frquence, pour le cancer du col, est 40 ans. Dans plus de 60 % des cas, la primo infection par HPV se fait dans 5 ans qui suivent les premiers rapports sexuels. CÕest donc un Ç marqueur de sexualit È car plus de 80 % des femmes sont infectes. Cependant, le virus est, dans 70 % des cas, limin en 12 mois et, dans 90 % des cas, il lÕest en 24 mois.
Une infection HPV persistante peut voluer vers une noplasie cervicale intra pithliale ou CIN. Il sÕagit de CIN3 dans environ 15 % des cas. Dans 32 57 % Les lsions de bas grade rgressent spontanment..
Il existe deux vaccins prventifs contre le HPV (Gardasilª et Cervarixª). Les deux vaccins sÕadministrent sous forme de 3 injections sous cutanes M0, M1 (pour Cervarixª) ou M2 (pour Gardasilª) et M6. LÕefficacit prouve est de cinq ans. La ncessit dÕun rappel aprs 5 ans fait lÕobjet dÕtudes et la question nÕest pas tranche.
Il sÕagit dÕune part des jeunes filles avant 14 ans et le premier rapport sexuel. DÕautre part, la vaccination concerne toutes les femmes entre 15 et 23 ans dans lÕanne qui suit le premier rapport sexuel.
Trois tudes ont t ralises mondialement et ont port sur 17 000 femmes (Lancet 2007;369: 2161Ð70, Lancet 2007;369:1861Ð8 Lancet 2006;367:1247Ð55 - NEJM 2002;347:1645-51 ; Lancet Oncol 2005; 6: 271Ð78)
Les rsultats globaux sont les suivants :
LÕanalyse Ç per protocole - PPÈ, chez les 16 000 femmes non infectes et qui ne lÕont pas t jusquÕ la 3me injection, lÕefficacit du vaccin, mesure par lÕincidence de CIN2 et 3, et des cancers in situ, est 100 %. Elle permet, aussi de prvenir 99 % des condylomes.
LÕanalyse en Ç intention de traiter - ITTÈ, chez les 17 000 femmes ayant reu, au moins une injection du vaccin et qui nÕtaient pas infectes le jour de lÕinjection, lÕefficacit de celui-ci quant la prvention des CIN2 et 3, et des cancers in situ est 95 %. La prvention condylomes, elle est 95 %. CÕest ces valeurs qui peuvent tre retenues pour mesurer lÕefficacit du vaccin dans la situation dans laquelle il sera utilis, en pratique.
En revanche, chez les 17000 femmes ayant reu au moins une injection du vaccin infectes ou non, lÕefficacit des vaccins, quant la prvention des CIN 2 et 3, et des cancers in situ est seulement de 40 %, et la prvention des condylomes est de 70 %.
Elles demeurent inchanges : un frottis cervico-utrin systmatique partir de 25 ans. Si deux frottis sont normaux lÕintervalle de 1 an, la surveillance est faite par un frottis tous les 3 ans.
Elle ne doit pas changer lÕorganisation du dpistage par frottis, car la vaccination est une prvention primaire des lsions prcancreuses et le frottis est une prvention secondaire du cancer du col. DE plus, en lÕtat actuel des connaissances, le vaccin est inefficace vis--vis de 30 % des cancers.
Une vaccination doit tre propose aux jeunes filles de 14 ans. Elle doit, aussi lÕtre pour les jeunes filles et les jeunes femmes entre 15 et 23 ans qui nÕauraient pas eu de rapports sexuels, ou au plus tard dans lÕanne qui suit le dbut de la vie sexuelle.
LÕintrt du dpistage par frottis demeure, aussi bien chez les femmes vaccines que chez les femmes non vaccines.
LÕimpact du vaccin sur lÕincidence et la mortalit du cancer du col utrin ne deviendra apparent quÕ long terme dans 15 25 ans.
Il peut se faire lÕoccasion dÕun examen systmatique. Plus souvent, il est voqu devant des signes dÕappel, comme des mtrorragies, des leucorrhes et, un stade avanc, des douleurs.
Il est gnralement simple. Il comprend un examen au spculum, la ralisation dÕun frottis et de biopsies de la lsion. LÕexamen est complt par un Ç TV È et un Ç TR È.
Stades |
Tumeur Ç T È |
Ganglions pelviens |
Ganglions lombo-aortiques |
Ç 0 È |
Tumeur intra-pithliale ou cancer in situ |
0 |
0 |
Ç I È IA1 IA2
IB1 IB2 |
Tumeur limite au col Extension en profondeur < 5 mm et < 7 mm horizontalement Extension en profondeur 5 7 mm et < 7mm horizontalement Tumeur limite au col < 4cm Tumeur limite au col > 4 cm |
< 1 %.
4 8 %.
15 % |
0
< 1 %
5% |
IIA IIB |
Tumeur dbordant la partie suprieure du vagin Envahissement des annexes |
20 % |
10 % 16 % |
IIIA IIIB |
Tumeur limite au col plus tendue Tumeur dbordant la partie suprieure du vagin |
45 % |
30 % |
IVA IVB |
Envahissement des annexes Mtastases distance |
60 %
|
60 %
|
Il sÕagit
4 Du stade FIGO : I et IIA vs IIB et plus
4 La taille tumorale : < ou > 4 cm
4 LÕexistence ou non dÕun envahissement ganglionnaire : NO vs N+ pelvien vs N+ LA
Les taux de survie 5 ans, sÕtablissent ainsi :
4 Le stade FIGO: stade I : 90 ; stade II, 75 ; stade III, 60 et stade IV 30 %,
4 LÕenvahissement ganglionnaire : Ç N0 È, 90 ; N+ pelviens, 60 et N+ lombo-aortiques (LA) 30 %
4 Pour les tumeurs T < 4 cm : 90 %, T > 4 cm 60 %
Les objectifs des investigations complmentaires sont de rechercher les diffrents lments pronostiques dans le but de classer la tumeur en deux catgories dont le traitement est radicalement diffrent
Ce sont des tumeurs
4 Limites au col et au vagin (Stade I et IIA)
4 De moins de 4 cm
4 Sans envahissement ganglionnaire
Ce sont des tumeurs
4 De stade IIB et plus
4 De plus de 4 cm
4 Avec envahissement ganglionnaire
Il sÕagit de lÕexamen clinique et de lÕimagerie mdicale. LÕexamen de base est lÕIRM qui peut tre utilement complt par la TEP Scanner
La clinique et lÕIRM permettent une excellente apprciation de la taille tumorale et de lÕinfiltration des paramtres. Il faut souligner, quÕaucun examen complmentaire nÕest pleinement satisfaisant pour valuer lÕatteinte ganglionnaire. Par exemple, la TEP a une bonne spcificit de plus de 90 % mais sa sensibilit est insuffisante car au plus gale 50 %. Dans ce contexte, la stadification ganglionnaire chirurgicale reste le seul moyen satisfaisant ce jour.
Les grands principes thrapeutiques sont les suivants :
4 Pour les stades limits : Chirurgie +/- radiothrapie
4 Pour les stades avancs : Radio chimiothrapie +/- chirurgie
Elle permet de raliser
4 La stadification ganglionnaire pelvienne soit par cÏlioscopie (pour limiter les adhrences post opratoire) ou par laparotomie.
4 La stadification ganglionnaire lombo-aortique qui se fait, maintenant, uniquement par laparoscopie rtro pritonale
4 Une hystrectomie largie (Piver 2) par laparotomie ou par cÏlioscopie
Elle consiste en une radiothrapie externe sur lÕensemble du pelvis la dose de 45 Gy avec un champ tendu de L4-L5 4 cm sous la tumeur. La radiothrapie est sensibilise par six cycles de chimiothrapie base de cisplatine hebdomadaire, la dose de 40 mg/m². Au terme de ce traitement, une curiethrapie complmentaire la dose de 15 Gy est propose.
Une lymphadnectomie iliaque externe avec examen extemporan est ralise. Deux cas de figure alors :
4 Si N- hystrectomie largie dans le mme temps
4 Si N+ Radio chimiothrapie
Toujours une lymphadnectomie iliaque externe de premire intention. Deux cas de figure sont possibles :
4 Si N- Curiethrapie utro vaginale la dose de 60 Gy suivie dÕune hystrectomie largie 6 semaine plus tard
4 Si N+ Radio chimiothrapie
La premire tape comporte toujours une stadification lombo-aortique rtro-pritonale ralise par laparoscopie. Au terme de ce bilan, deux cas de figure :
Si N- Radio chimiothrapie pelvienne puis hystrectomie simple 8 semaines plus tard
Si N+ Radio chimiothrapie pelvienne et lombo aortique +/- chirurgie
Antcdents
4 Gynco-Obsttrique : G0, P0
4 Mnopause 50 ans
4 Pas de traitement hormonal
4 Chirurgicaux : Appendicectomie
Problme actuel : consulte pour leucorrhes jauntres et mini mtrorragies
A lÕexamen clinique
4 Abdomen : RAS
4 Seins : RAS
4 Au spculum : cratre avec disparition de relief du col utrin
4 TV : absence de cul de sac sur toute la circonfrence, cratre localis gauche
4 TR : paramtre droit tendu ; paramtre gauche envahi jusquÕ la paroi pelvienne ; faible mobilit ; pas dÕatteinte rectale
Biopsie : carcinome pidermode diffrenci mature infiltrant
Bilan pr thrapeutique: IRM: Paramtre gauche envahi jusquÕ la paroi pelvienne mais pas dÕatteinte rectale
Traitement : radio-chimiothrapie
Antcdents
4 Gynco-Obsttrique : G4, P3 ; 3 accouchements normaux en 1989, 1993 et 1997 ; 1 GEU traitement mdical (mthotrexate) en 1995 ; Contraception : Nuvaringª
4 FCV en Mars 2004 : normal
Problme actuel : depuis mars 2005, mtrorragies post cotales
Frottis 30.09.2005 ASCUS colposcopie + Biopsie pithlioma pidermode moyennement diffrenci mature et invasif.
A lÕexamen clinique : Paramtres non atteints ; lsion intressant les ¾ de la circonfrence cervicale
1- Une chimiothrapie premire, no-adjuvante
2- Une colo-hystrectomie avec curage iliaque
3- Une radiothrapie complmentaire
Antcdents :
4 Gynco-Obsttrique : G2, P1 ; 1 accouchement par csarienne en 1993. ; 1 IVG en 2003 ; Contraception : Mirnaª
4 Chirurgicaux : cÏlioscopie en 2002 avec preuve au bleu endomtriose ; csarienne
Consultation systmatique en janvier 2007
Frottis titre systmatique : Classe 2
Reconsulte en Septembre 2007 suite un frottis fait en ville en cours dÕun examen gyncologique dans le cadre dÕune Ç sub-urgence È, CIN3.
1- Une conisation avec curetage biopsique anatomopathologie: CIN3 et endomtre sain
2- Compte tenu de lÕge, une hystrectomie totale inter annexielle.
4 Satisfaisant pour valuation
4 Non satisfaisant pour valuation (prciser la raison)
SÕil y a lieu, prciser :
4 La prsence de micro-organismes :
o Trichomonas vaginalis
o Elments mycliens, par exemple voquant le candida
o Anomalies de la flore vaginale voquant une vaginose bactrienne
o Bactries de type actinomyces
o Modifications cellulaires voquant un herps simplex
4 Les autres modifications non noplasiques :
o Modifications ractionnelles : inflammation, irradiation, ou prsence dÕun dispositif intra-utrin Ç DIU È,
o Prsence de cellules glandulaires bnignes post-hystrectomie ; atrophie.
4 Atypies des cellules malpighiennes (ASC)
o De signification indtermine (ASC-US)
o Ou ne permettant pas dÕexclure une lsion malpighienne intra-pithliale de haut grade (ASC-H) ;
4 Lsion malpighienne intra-pithliale de bas grade (LSIL), regroupant kolocytes/dysplasie lgre/CIN 1
4 Lsion malpighienne intra-pithliale de haut grade (HSIL), regroupant dysplasies modre et svre, CIS/CIN 2 et CIN 3. Le cas chant prsence dÕlments faisant suspecter un processus invasif (sans autre prcision) ;
4 Carcinome malpighien.
4 Atypies des cellules glandulaires (AGC) : endocervicales, endomtriales ou sans autre prcision (NOS) ;
4 Atypies des cellules glandulaires en faveur dÕune noplasie : endocervicales ou sans autre prcision (NOS) ;
4 Adnocarcinome endocervical in situ (AIS) ;
4 Adnocarcinome.
4 Cellules endomtriales chez une femme ge de 40 ans ou plus.