EPU95 – Montmorency
Gynécologie & Obstértrique
Mise à jour du 10 Mai 2007*
Le traitement
de la Ménopause
Pr. F. Kuttenn
Chef
de Service d’Endocrinologie et de Gynécologie Médicale - Hôpital Necker
Enfants Malades
Séance du 5 septembre 2002
1.
Généralités
1.1. Définition de la
ménopause
Ethymologiquement, la ménopause
correspond à la période de cessation des règles.
S’il
existe des taux d’œstrogènes importants pendant une longue période, il peut
ne pas y avoir d’hémorragie de privation pendant cette période (qui peut
être d’un an, 2 ans, 5 ans …). Si devant une telle situation on commence un
traitement hormonal, on va ajouter de l’œstrogène exogène à l’œstradiol
endogène toujours secrété.
En
Europe et notamment en France, la définition est un peu différente : à la cessation des règles doit s’ajouter la notion de test
progestatif négatif, signant le déficit en œstrogène. C’est à partir de
là que l’on parle de ménopause et que le traitement devient nécessaire.
Le
test progestatif consiste à donner 10 jours un progestatif. La survenue à
son arrêt d’un saignement traduit l’existence d’un endomètre suffisamment
épais pour pouvoir desquamer après l’action du progestatif.
Ce
test est un peu comme pour l’hémoglobine glycosylée dans le diabète un
moyen d’intégrer ce qui s’est passé dans les semaines et mois précédents.
Il est beaucoup plus fiable qu’un dosage d’œstradiol ou l’absence de
règles. Donc, il existe lors de l’apparition de la ménopause 2
périodes :
1) La préménopause, se
situant schématiquement entre 40 et 50 ans
-
avec
des ovulations de mauvaise qualité
-
une
insuffisance progressive de progestérone
-
associée
à une hyperœstrogénie.
Pendant
cette préménopause où les cycles sont irréguliers, où apparaît un
gonflement des seins lié à l’hyperœstrogénie, le traitement sera
progestatif, séquentiel (10 jours par mois).
2) La ménopause s’installe
à 50 – 55 ans avec une hypoœstrogénie.
A
ce stade c’est cette hypoœstrogénie qu’il faudra compenser par un
traitement œstrogénique, qui ne se donne pas seul, mais associée
généralement à un progestatif.
Il
s’agit de deux périodes très différentes, alors qu’actuellement il existe
une tendance à amalgamer les deux et à débuter trop tôt un traitement
contenant des œstrogènes.
1.2. Les hormones à la
disposition du corps médical
Si
aux USA, le corps médical n’a accès qu’à essentiellement 2 produits :
-
Le
Prémarin™ comme œstrogène, utilisé par voie générale (orale surtout),
-
La
médroxyprogestérone (MPA) (Farlutal®) comme progestatif dérivé de la 17-OH
progestérone. Elle a une action qui n’est pas tout à fait celle de la
progestérone.
En
Europe et particulièrement en France la panoplie mise à la disposition du
corps médical est particulièrement riche parmi les progestatifs comme
le montre le tableau suivant :
Progestatifs
|
Progestérone et dérivés
|
Dérivés pregnanes
|
Norstéroïdes
|
Progestérone
(Utrogestan®, Estima®)
Progestogel®
Progestosol®
Médroxyprogestérone (Farlutal®) seul
aux USA
|
Prégnanes
Chormadinone
(Lutéran®)
Dydrogestone
(Duphaston®)
Médrogestone
(Colprone®)
Norprégnanes
Normégestrol
(Lutényl®)
Promégestone
(Surgestone®)
|
Lynestrénol
(Orgamétril®)
Tibolone
(Livial®)
Nor-ethistérone
(Primolut-Nor®)
|
En
Europe, il existe 3 classes de progestatifs :
-
Progestérone
et la retroprogestérone
-
Les
prégnanes et les norprégnanes
-
Les
norstéroïdes
Cela
est important, car chacune de ces classes a des indications
différentes :
-
Le
Duphaston™ est surtout utilisé pour régulariser les règles chez les jeunes
filles,
-
L’Utrogestan™,
pour compenser une insuffisance lutéale chez les femmes souffrant
d’hypofertilité,
-
Les
prégnanes, et norprégnanes, pour régulariser les règles chez les femmes
d’âge moyen (40 – 45 ans)
-
Les
norstéroïdes, lorsqu’il y a une hyperœstrogénie importante avec déjà un
retentissement important (mastopathie bénigne, fibrose, hyperplasie de
l’endomètre). Ce sont les plus antigonadotropes et les plus
antiœstrogéniques.
Dans
la période de préménopause, quand il y a déjà un retentissement
d’hyperœstrogénie, c’est une bonne indication des norstéroïdes ou
éventuellement s’il y a des contre indications métaboliques les prégnanes
et les norprégnanes.
2.
Quand va t-on suspecter la ménopause ?
Lorsque
des cycles irréguliers s’installent, avec des périodes de plusieurs mois
sans règles, faisant suspecter la ménopause, il est simple de donner un
progestatif du 1er au 10 du mois pendant 3 mois :
-
Tant
qu’il y a une hémorragie de privation, cela veut dire qu’il y a des
œstrogènes qui circulent et il n’est pas utile de donner plus qu’un
progestatif.
-
Si
après 3 mois de traitement progestatif, il n’y a pas de règles, cela veut
dire que l’hypoœstrogénie est présente et que la ménopause est confirmée.
On peut à ce moment-là donner des œstrogènes sans risque d’hyperœstrogénie.
On
a dit que l’âge de la ménopause recule. C’est peut-être parce que l’on
donne des progestatifs qui permet de mettre en évidence de façon simple la
persistance d’une secrétions d’œstradiol. Mais l’âge de la ménopause reste
autour de 51 ans depuis des dizaines d’années. Un tiers de la vie des femmes se passent en post ménopause.
Environ
4 % des ménopauses sont prématurées se situant avant 40 ans. Il ne
faut pas négliger la ménopause précoce du fait des conséquences de
l’hypoœstrogénie. Il faut sûrement les compenser encore plus que les
autres. Il faut rechercher :
-
Dans
les antécédents personnels : ovariectomie, radiothérapie, maladies
virales comme l’ovarite ourlienne
-
Dans
les antécédents familiaux, l’existence d’une anomalie génétique.
-
11 %
des ménopauses précoces sont d’origine auto-immunes dont quelquefois dans
le cadre de poly-endocrinopathie autoimmune (pancréas, surrénale).
Par
contre, l’âge de la ménopause n’est pas modifié par des périodes
d’aménorrhée psychogènes, par les grossesses multiples, par la
contraception.
3.
Pourquoi traiter ?
Il y a deux aspects au traitement de
la ménopause
C’est
d’abord, un traitement de confort, mais aussi, un aspect de prévention sur
le plan osseux, cardiovasculaire :
-
Les
rhumatologues sont envahis par le marché de la ménopause et si ils traitent
les femmes pour leur ménopause, c’est à cause du risque de la fracture du
col du fémur vers les 80 ans en moyenne.
-
Mais,
avant cet âge, il y a d’autres conséquences de la privation œstrogénique
qu’il faut réparer.
3.1. Les conséquences de
l’hypoœstrogénie de la ménopause
Dans
un premier temps :
-
Les
bouffées de chaleur surtout nocturnes
-
L’asthénie,
la tendance dépressive
-
La
sécheresse des muqueuses
-
Les
troubles fonctionnels génito-urinaires
A
long terme :
-
L’augmentation
du risque cardiovasculaire : les femmes après l’installation de la
ménopause rattrapent progressivement le risque vasculaire qui touche les
hommes.
-
La
déminéralisation osseuse avec les fractures vertébrales et fémorales.
3.2. Les apports du
traitement œstrogéniques sont :
Dans
l’immédiat, la suppression des bouffées de chaleur, un meilleur élan vital
et le confort psychique qui l’accompagne :
-
Pour
certaines femmes cette modification est très rapide
-
Pour
d’autres, ce n’est qu’au bout de 6 mois de traitement qu’elles disent se
retrouver comme avant.
A
moyen terme, la protection vis à vis de l’atrophie des muqueuses,
A
plus long terme :
-
La
protection contre l’ostéoporose, ce qui est admis par tout le monde.
-
La
réduction du risque cardiovasculaire, avec des études polémiques et
résultats contradictoires
-
La
protection neurologique, mais n’est pas démontrée.
3.3. Les bouffées de
chaleur
Elles
surviennent chez 80 % des femmes ménopausées qui en ont ou en ont eues à un
moment donné.
-
Dans la
1ère année : 85% des femmes
-
Durant
plus de 5 ans : 25 à 50 % des cas
A
prédominance nocturne (d’abord chaleur, puis sensation de froid)
responsable d’insomnie, de fatigue et de troubles de l’humeur, mais aussi
dans la journée (sport, émotion) de moindre spécificité.
Elles
sont liées à un double mécanisme : diminution des œstrogènes et
augmentation des amines cérébrales (dopamine, sérotonine) facteurs de
flush.
Leur
traitement
-
C’est
d’abord les œstrogènes
et en cas de contre-indication de leur emploi :
o
Les
progestatifs parce qu’ils ont un effet antigonadotrope (diminution des
amines),
o
Le
Catapressan® agit sur les récepteurs aux endorphines, et par ce mécanisme
favorise la suppression des bouffées de chaleur. Etant un hypotenseur, sa
prescription doit être prudente (1/2 cp. matin et soir ou seulement1 cp
pour la nuit).
o
Les BZD
et les barbituriques permettent de mieux dormir et de moins percevoir les
bouffées de chaleur.
-
Les
médicaments contre l’hyper-prolactine (à ne pas prescrire) cf. plus loin.
3.4. Les œstrogènes ne
protègent pas contre la maladie d’Alzheimer.
Ils
peuvent améliorer la performance générale chez les personnes non atteintes
d’Alzheimer par stimulation de la croissance des neurones cholinergiques et
la synthèse de l’acétylcholine, et chez l’animal il a été montré qu’ils
augmentent les synapses de l’hippocampe (zone stratégique pour tout ce qui
est mémoire lors de l’atrophie de cette région).
Les
études sur le THS et la maladie d’Alzheimer ont montré :
-
Les
personnes ayant un Alzheimer ont pris moins souvent un traitement
substitutif aux œstrogènes, mais elles étaient moins capables d’avaler les
comprimés du THS et d’assumer l’observance du traitement.
-
Les
personnes prenant des œstrogènes ont fait moins d’Alzheimer. Les
utilisatrices étaient mieux motivées et acceptaient de se plier au
traitement.
-
Il y a
donc des pièges de recrutement. Si ces dernières étaient mieux sur le plan
neurologique ce n’est pas forcément parce qu’elles ont pris des œstrogènes
mais parce qu’elles étaient capables de se situer par rapport à ce
traitement qu’elles souhaitaient suivre. On ne peut pas mettre la
différence de pourcentage dans les deux lots sur le seul compte des
œstrogènes. Pour cela, Il faudrait faire des études « contrôle »
contre placebo en aveugle pour préciser le rôle bénéfique sur le cours de
la maladie d’Alzheimer.
3.5. Le deuxième organe
cible, l’os
3.5.1. La masse osseuse
Le
pic de masse osseuse se situe à 30 ans. Après 40 ans, la masse osseuse
diminue de 1 à 2 % par an. Après la ménopause, la diminution annuelle est 2
fois plus rapide :
Les
sujets à risque d’ostéoporose, ce sont :
-
Les
femmes plus que les hommes parce qu’à partir de la ménopause elles n’ont
plus leurs hormones,
-
Les
femmes blanches et les asiatiques plus que les noires,
-
Les
femmes minces plus que les obèses peut-être parce que le tissu adipeux
fabrique des œstrogènes,
Les
facteurs aggravants sont : l
-
a
sédentarité,
-
l’alcool,
-
le
faible apport calcique,
-
les
facteurs génétiques (famille à ostéoporose),
-
les
corticoïdes,
-
l’hyperthyroïdie
(augmentation du turn over osseux).
3.5.2. Les fractures
-
25 %
des femmes > 50 ans ont déjà des fractures radiologiques de vertèbres
-
50 %
des femmes > 75 ans ont des fractures radiologiques de vertèbres
-
25 %
des femmes > 80 ans ont ou auront une fracture du col du fémur
1,3 % par an à partir de 75 ans
3,3 % par an après 80 ans.
3.5.3. Le traitement
préventif de l’ostéoporose postménopausique
Il
repose sur les œstrogènes et son rôle bénéfique est démontré par les études
d’ostéodensitométrie :
-
Institué
dès le début de la période d’hypoœstrogénie, il freine de façon importante
la déminéralisation et permet une certaine reminéralisation
-
Institué
tardivement à un stade d’ostéoporose avancée, il stoppe cette dernière et
permet une re-minéralisation qui n’atteindra pas le niveau que l’on aurait
pu obtenir si le traitement avait été plus précoce.
Il
y a donc toujours intérêt de traiter une ostéoporose postménopausique même
à un âge avancé.
Le
traitement par voie orale ou par voie transdermique donne des résultats
identiques.
3.6. Le risque
cardio-vasculaire lié à la ménopause
3.6.1. Le comportement des
cardiologues vis à vis du THS
Les
cardiologues avaient très peur des hormones pendant longtemps et ne voulaient
même pas que l’on donne de progestatifs à des femmes qui avaient des règles
avec mastopathie.
Des
études d’observations ont montré une protection des femmes vis-à-vis du
risque cardio vasculaire de l’ordre de 0,5 à 0,6 lorsqu’elles étaient
traitées pour leur ménopause.
A
partir de ce constat, les cardiologues ont entrepris de donner un
traitement substitutif à tout le monde y compris à celles qui ont fait un
infarctus du myocarde. Le résultat a complètement surpris les promoteurs de
l’étude, car sous œstrogène par voie orale, dans la première année suivant
l’infarctus, il y a eu plus de morts que dans le groupe non traité.
3.6.2. Comment expliquer
cela ?
Le
risque cardio vasculaire est plus faible chez la femme que chez les hommes
à tous les âges.
-
En
pré-ménopause, il est de 1/5 de l’homme
-
En
post-ménopause, il est de 1/2 de l’homme
Cela
est rapporté au fait qu’avant la ménopause, la femme est sous œstrogène et
qu’à la ménopause, elle ne l’est plus, et cela explique que le rapport du
risque relatif d’une femme sous THS soit de 0,5 – 0,6.
Comme
pour ce qui a été dit plus haut concernant l’Alzheimer, les femmes qui
demandent un traitement substitutif, qui savent très bien ce qu’elles
peuvent en attendre, auxquelles le médecin donne un traitement et qui
continuent à le prendre pendant des années, ce ne sont pas les mêmes que
celles qui ne vont jamais consulter.
Cette
situation entraîne plusieurs biais :
-
De
sélection : les femmes plus minces qui font ou ont fait du sport, qui
surveillent leur cholestérol,
-
De
prescription et de maintien du traitement (prise en compte des contre
indications),
-
De
compliance (les sujets qui s’astreignent ne sont pas psychologiquement
comme les autres).
Il
n’est pas impossible qu’on ait sélectionné avec ce traitement une population
en meilleure santé par rapport à celle qui ne se traite pas.
Les
œstrogènes exercent une protection vasculaire. Cela est démontré par des
études expérimentales chez le rat, sur des tissus in vitro, et des études
physio-pathologiques. Il faut en retenir que :
-
Les
œstrogènes entraînent une vasodilatation des artères,
-
Ils
protègent la paroi artérielle contre les dépots de LDL-cholestérol
3.6.3. L’étude
« HERS »
Du
fait de ces constatations successives, les américains ont entrepris une
étude (HERS). C’est la 1° étude randomisée de prévention secondaire (2563
femmes ayant fait un infarctus – 1 380 ont reçu les molécules
américaines : Prémarin™ 625 mg et acétate de médroxyprogestérone 2,5
mg ; le progestatif a des effets corticoïdes, un peu androgéniques,
assez mal antigonadotrope – contre 1 183 sujets placebos) La durée moyenne
de l’étude est de 4,1 an.
Résultats
décevants : le risque de récidive dans la 1ère année, chez les femmes
traitées est de 1,52. Ensuite avec le temps, le risque diminue. Au niveau
des décès, même constatation avec un ratio de1, 56 chez les femmes
traitées.
Les
questions posées : chez les femmes qui présentent déjà des lésions
coronaires quel traitement de la ménopause doit-on envisager sans accélérer
la thrombose coronaire ? Quels peuvent être les
mécanismes d’aggravation de la thrombose coronaire ? Il y a deux
suspects :
-
Premièrement,
l’acétate de médroxyprogestérone.
o
Le MPA
contrairement à la progestérone n’est nullement bénéfique, car il supprime
les effets bénéfiques des œstrogènes :
o
Une
étude a montré que le taux de HDL ne bouge pas sous œstrogène ; mais en y
ajoutant du MPA, son taux chute.
o
L’étude
expérimentale de la prévention de l’athérosclérose chez le singe a montré
le rôle protecteur des œstrogènes. Si on y adjoint de la progestérone, la
protection est encore meilleure. Si on remplace la progestérone par le MPA,
cela favorise l’athérosclérose.
o
Les
œstrogènes favorisent la vasodilatation. Les œstrogènes avec la
progestérone, la vasodilatation persiste. Les œstrogènes avec le MPA, elle
s’atténue.
-
Deuxièmement,
le Prémarin™.
o
Il est
donné par voie orale et il a comme premier organe cible le foie. En
traversant le foie il stimule les facteurs de coagulation ce qui risque
d’aggraver la situation des coronaires déjà rétrécies.
o
L’administration
orale du Prémarin™ n’est pas optimale pour plusieurs raisons :
§
Au
niveau de l’hémostase, il stimule le facteur VII. et les fragments 1 et 2
de la thrombine augmentent. La fibrino-peptide A augmente.
§
Voilà
les mécanismes pro-coagulants qu’il génère.
·
Au
niveau de la TA, il augmente l’angiotensinogène, facteur d’HTA
·
Au
niveau métabolique, il augmente les LDL - triglycérides.
Il
serait nécessaire que les Européens fassent une étude identique à celle des
Américains avec leurs produits et leur voie d’administration
extra-digestive.
En
attendant il est souhaitable d’employer :
-
Un
œstrogène qui shunte le foie (voie percutanée et non la voie orale)
-
Un
progestatif dont l’action est celle de la progestérone
3.7. Oestrogènes et
endomètre
En
1976 aux USA sur de grandes études, on a repéré une augmentation tous les
ans de 10 % des cancers de l’endomètre : le traitement était
généralement le Prémarin® à fortes doses (de 1 à 4 cp par jour, en continu,
sans progestatif).
Les
Anglais d’abord ont montré qu’à condition d’ajouter un progestatif 10 à 14
jours par cycle, il n’y avait plus d’hyperplasie de l’endomètre et très peu
de cancer de l’utérus.
Donc
maintenant, il ne se conçoit pas de ne pas associer un progestatif aux
œstrogènes. Si le traitement est discontinu, cela est mieux aussi, car s’il
y a des cellules qui doivent desquamer, elles le peuvent.
3.8. Oestrogènes et le sein
3.8.1 L’étude de Hoover en 1967
Elle
avait montré une augmentation du risque du cancer du sein dans les
conditions suivantes :
-
si
durée longue du THS (10 ans) : risque x 2
-
si
durée longue + forte dose d’œstrogène : risque x 4
-
si ATCD
de mastopathie bénigne (surtout si atypie) : risque x 5
-
si
mastopathie bénigne sous traitement THS : risque x 7
Cette
étude stigmatise le rôle des fortes doses et celui des facteurs de risque.
Il faut donc faire attention avant la mise en route du traitement et
pendant celui-ci.
Avec
les œstrogènes seuls, les études sont larges mais, à une exception près, ne
sont pas randomisées.
Les
femmes qui se traitent pour la ménopause ont spontanément une augmentation
du risque du cancer du sein, du fait de leur profil socio-médical ou
socio-professionnel particulier (citadines, professionnellement investies,
stressées, actives) et en revanche elles ont une diminution du risque
cardiovasculaire (gymnastique, régime, …)
3.8.2. Ce que disent les
études récentes
A
– Une étude concernant les consultantes d’un même hôpital et soumis au même
traitement œstrogénique par rapport à une population générale a montré une
augmentation du risque de cancer du sein dans le groupe des consultantes,
mais pas par rapport aux autres consultantes de l’hôpital (pour d’autres
motifs que le THS). Ce risque plus élevé n’est pas forcément lié au rôle
des œstrogènes mais peut-être à celui du profil socio-professionnel des
consultantes.
B
– Une méta-analyse d’Oxford rapprochant 17 000 cancers du sein par rapport
à 32 000 témoins a montré que le risque global de cancer à 10 ans est de
1,14 (faible) avec une augmentation
de 2,3 % par an. Au delà de 15 ans de traitement, le risque est de 1,6. Ce qui veut dire que pour 1 000 femmes
qui se traitent pendant 10 ans, il y aurait une augmentation de 6 %
attribuable au traitement de la ménopause et 12 % chez celles qui se
traitent pendant 15 ans En dehors du fait que les femmes qui se
traitent fassent partie d’une population particulière, il s’agit
essentiellement chez elles de cancers localisés et opérés tôt. La question
est celle de l’existence d’un biais de recrutement : le fait que ces
femmes soient traitées et surveillées permet de faire un diagnostic précoce
du cancer (rôle préventif) auquel n’est pas soumis systématiquement la
population témoin. Il s’agit là de statistique américaine alors que les
Américains utilisent de forte dose d’œstrogènes et en continu. Ce qui n’est
pas dans les habitudes françaises.
3.8.3. La polémique de
l’adjonction de progestatif au traitement œstrogénique
Les
études américaines sur le risque de survenue d’un cancer du sein lors d’un
traitement de la ménopause œstradiol + progestatif ne concernent que très
peu de patientes et pendant des temps très courts.
Les
Américains n’utilisant ce protocole que depuis ces dernières années et les
femmes traitées qui présentent un cancer ont reçu pendant des années un
traitement œstrogénique seul avant de débuter le traitement
œstro-progestatif.
-
Traitement
de courte durée
-
Le
motif de l’adjonction du progestatif est inconnu (fibrome ?, hyperplasie de l’endomètre ? )
-
Le
progestatif utilisé aux USA est seulement le MPA, et la durée est faible 5
à 7 jours par cycle
-
Les
résultats sont contradictoires.
De
nombreuses études de pays divers sont également contradictoires.
Dans
les études expérimentales animales, il a été montré que :
- les œstrogènes sont mitogènes,
- les progestatifs bloquent cette action mitogène.
Dans
l’épidémiologie des cancers du sein, il faut rappeler que :
-
L’hyperœstrogénie
prolongée favorise le cancer du sein, le cancer de l’endomètre, le fibrome
et la mastopathie bénigne,
-
L’insuffisance
en progestérone favorise les mastopathies et à distance le cancer du sein,
et que la progestérone et les progestatifs sont les traitements de la
mastopathie bénigne et que l’on a une diminution du cancer du sein dans
cette population traitée.
Des
œstrogènes et des progestatifs :
I
ne faut pas se tromper d’adversaire. Ce sont les œstrogènes qui ont une
action mitogène et qu’il convient de contrôler. Il faut donc ajuster la
dose d’œstradiol : en cas de surdosage, (mastodynie) diminuer la dose
d’œstrogène – et /ou augmenter la dose et la séquence des progestatifs.
4.
Qui traiter ?
Celles
qui le demandent et qui n’ont pas de contre indication.
Celles
qui ne le veulent pas, il n’est pas besoin de les forcer :
-
Certains
médecins demandent un examen ostéodensitométrique pour dépister une
situation à risque de fracture et pour conseiller la prise d’œstrogènes.
-
Il est
bon de proposer le THS car il donne une qualité de vie supérieure à celles
qui sont sans traitement.
-
Mais,
il y a également des femmes qui sont très bien sans traitement.
4.1. Les contre indications
au traitement hormonal substitutif.
Il
y a trois types de contre indication au THS : cellulaire, métabolique
et thromboembolique :
-
Les
C.I. « cellulaires » concernent le traitement tant par voie orale
que par voie non orale :
o
Certaines
absolues : les antécédents de cancer du sein ou de l’endomètre
o
D’autres
sont relatives : mastopathie bénigne avec des atypies, fibrome
-
Les
C.I. métaboliques ne concernent que les traitements par voie
orale, car dans la voie transdermique (gel ou patch) la peau sert de
réservoir et l’œstrogène libéré ne passe pas par le foie (où il est facteur
de l’augmentation de l’angiotensinogène, VLDL-triglycérides, facteurs de la
coagulation,…)
-
Les
C.I. liées à un trouble de la coagulation concernent essentiellement la
voie orale.
4.2. Quel bilan avant le
traitement ?
Interrogatoire :
ATCD de cancer du sein ou de l’utérus, HTA, diabète, de phlébite ou
d’embolie
Examen
clinique : Poids, TA, examen des seins même si mammographie négative,
Mammographie :
recherche de cancer infra clinique
Examen
gynécologique : gros utérus, col, ovaires
Frottis
vaginaux et bilan sanguin (CT, glycémie, triglycérides …)
4.3. Quel œstrogène
donner ?
Il
y a trois grands types d’œstrogènes :
-
Les
œstrogènes de synthèse (éthinyl-œstradiol) qu’il vaut mieux éviter après 40
ans, non recommandés sur le plan artériel et facteur de thrombo-embolie.
-
L’œstradiol
par voie orale : le foie est toujours le premier organe cible
(stimulation du VLDL, des triglycérides, de l’angiotensinogène, des
facteurs de la coagulation). Si une femme n’a aucun risque concernant ces
facteurs et qu’elle souhaite la voie orale, cette voie peut être utilisée.
-
L’œstradiol
par voie extra digestive offre plus de sécurité :
o
Les
patch d’emploi facile : 2 par semaine (et même parfois un / semaine),
o
Le gel
appliqué quotidiennement permet un meilleur ajustement des doses.
La
dose d’œstrogène efficace est celle qui rétablit le confort : la
clinique permet de juger de l’efficacité. Sur le plan biologique, il faut
viser comme fourchette 60 à 80 pg/ml
Les
signes de surdosage, ce sont la mastodynie (œdème douloureux liée à
l’hyperœstrogénie), prise de poids, gonflement abdominal, les jambes
lourdes, la nervosité. Il faut baisser la dose : un traitement adapté
ne fait pas grossir
Les
signes de sous dosage : essentiellement la persistance des bouffées de
chaleur, asthénie, céphalée, frilosité, manque de tonus.
4.4. Quel progestatif
donner ?
Il
faut tenir compte du pouvoir anti œstrogénique du progestatif, du terrain
(mastopathie, diabète, hypertriglycéridémie).
Les
produits utilisés en Europe pour la ménopause sont essentiellement :
-
Utrogestan
-
Duphaston 12 jours à partir du 14 ° jour du Tt
œstrogénique
-
Prégnane
(Lutéran®) ou norprégnane (Lutionex®)
4.5. Traitement continu ou
discontinu ?
4.5.1. Dans le traitement
discontinu
L’œstradiol
est donné pendant les 25 premiers jours du mois, et le progestatif pendant
12 jours à partir du 14ème jour du mois.
Si
l’œstrogène est donné à petite dose, il n’y aura pas forcément d’hémorragie
de privation au moment de la période d’arrêt du traitement. S’il en existe,
au fil des mois ou des années elles diminuent avant de disparaître. Ce sont
des hémorragies fonctionnelles qui ne nécessitent pas d’exploration.
Si
le saignement apparaît dans les 25 jours du THS, il faut explorer pour
rechercher une organicité. Il existe donc un repère justifiant l’indication
de l’exploration.
4.5.2. Dans le traitement
continu
Il
est donné 4 semaines/4, dans 40 à 70 % des cas, il y a des saignements, qui
peuvent survenir à n’importe quel moment, sans que l’on puisse savoir s’il
s’agit d’un saignement fonctionnel ou si l’on doit suspecter un saignement
organique. Cela peut entraîner des examens complémentaires coûteux dont la
répétition enlève de surcroît le « confort » du traitement
continu.
4.6. Quelle surveillance
nécessite le THS ?
Un
examen clinique tous les 6 mois : T.A., poids, seins, examen
gynécologique
Frottis
tous les 3 ans,
Bilan
sanguin (Cholestérol, TG, glycémie) tous les ans si traitement par voie
orale,
Ajustement
du dosage du traitement en cas de signes de surdosage ou de sous dosage,
Mammographie
tous les 2 ans ou plus rapproché si risques,
Densitométrie
osseuse seulement si facteur de risque d’ostéoporose,
Exploration
de l’utérus si saignement pendant la séquence de traitement :
échographie par voie endovaginale et éventuellement une hystéroscopie.
4.7. La durée du THS ?
Le
traitement doit durer autant que la femme le souhaite même au delà de 80
ans et tant qu’il n’y a pas de contre indication.
5.
Les alternatives au THS
5.1. Les médicaments
sympyomatiques
C’est surtout le traitement exclusif des
bouffées de chaleur, il n’est pas dangereux et marche dans 40 % des
cas :
-
Abufène®
(3cp/j)
-
Agréal®,
neuroleptique voisin du Dogmatil™, entraînant une sécrétion de prolactine
non anodine en cas de cancer du sein. Les neurologues n’aiment pas qu’il
soit prescrit
-
Catapressan™
à petite dose (1/2 à 1 cp1/2 par jour) ne fait pas baisser la TA
5.2. Les stéroïdes
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Les
progestatifs anti-gonadotropes marchent parfois. Il faut tenir compte de
toutes les C.I. des nor-stéroïdes
-
Le
Tibolone® (1 cp/j) est un progestatif norstéroïde, il a été mis sur le
marché avec des propriétés œstrogéniques, progestatives, et androgéniques.
Cependant il a un effet variable sur les bouffées de chaleur, il a toutes
les C.I. métaboliques et vasculaires et hépatiques des progestatifs
norstéroïdes. A long terme, son action sur l’os, le sein et l’appareil
cardio-vasculaire n’est pas encore connue.
5.3. Les
« SERMS »
Le
raloxifène (Evista™) est une molécule proche du tamoxifène. Elle a tendance
a aggraver les bouffées de chaleur. A l’opposé elle possède un effet
protecteur sur l’os. Elle pourrait réduire le risque de cancer du sein
(étude « MORE » chez les patientes à haut risque.
6.
En guise de conclusion ….
Le
traitement de la ménopause est simple, peu coûteux, pouvant être équilibré,
apportant un confort qui change la vie.
Il
faut que le traitement soit bien cadré : Respect des contre
indications, choix de la molécule de la voie de pénétration, petites doses
de préférence séquentielles, en faisant attention des signes de surdosage
et de sous dosage en utilisant des traitements ajustables
Préménopause
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But du
traitement : lutter contre l'hyperestrogénie relative, en compensant
l'insuffisance lutéale.
Les progestatifs sont donc le traitement
logique lorsqu'il existe des symptômes. On utilise :
La progestérone naturelle :
Progestérone
naturelle : 2 capsules le soir,
ou Dydrogestérone :
1 comprimé matin et soir, du 15e au 25e jour du cycle (pas d'effet
contraceptif car pas de blocage de l'ovulation).
Les progestatifs de synthèse :
Nomégestrol (cp à 5
mg) : 1 comprimé/jour,
ou Promégestone (cps
à 250 et 500 µg) : 1 à 2 cp/jour, du 15e au 25 e jour du cycle.
Si un effet contraceptif est souhaité : donner
un progestatif de synthèse du 5e au 25e jour du cycle.
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Recommandations de l’AFSSAPS 2004
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A réserver aux cas de symptomatologie
climatérique invalidante.
En cas d’ostéoporose ou de risque
d’ostéoporose, lorsque le traitement rhumatologique est mal toléré ou
contre-indiqué.
Seuls les estrogènes naturels sont utilisés car
l'éthinylestradiol présente trop d'effets secondaires métaboliques et
vasculaires.
Voie d'administration : la voie percutanée est préférée à
la voie orale chez toutes les patientes présentant un facteur de
risque cardio-vasculaire (car le premier passage hépatique favorise la
synthèse de métabolites délétères).
On doit toujours associer un progestatif à
l'estrogène afin d'éviter le risque d'hyperplasie endométriale (inutile
chez les femmes hystérectomisées).
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